Origines du métier

  Étymologie des mots tapis, tapissier, tapisserie : " Le mot français ' tapis'  provient du latin tapes, tapetis, tapetem , termes désignant les étoffes de laine à long poils qui servait de tapis, de tapisserie et de housse de coussin ; et dérivant d'un mot grec à peu près identique ' tapês '  les mots tapissiers tapisserie ont une étymologie semblable, Ils représentent deux idées différentes : 1,la fabrication des tapis, 2, la décoration des meubles et salles". ( Les Tapissiers Étude Historique par François Husson p. 10-11 )



Il est impossible de parler des origines de la tapisserie d'ameublement sans parler des tisseurs de tapisserie. Le métier de tapissier d'ameublement doit son existence à la branche des tisseurs de textile et ce dissocia petit à petit complètement de cette dernière, ce que je tenterais ici de vous expliquer. 

La tapisserie à toutes les époques  

Dans l'Antiquité


Au IVe Siècle, la gaule, sous la domination de l'Empire Romain possédait des « manufactures publiques » d'atelier de tissage et de teintureries, ou l'on fabriquait tentures, tapis, vêtement, pour les dirigeants de l'Empire Romain.L'ouvrier qui y travaillait et son patron n'avait que peut de libertés, si l'un des d'eux désirait ce marier avec une femme de "droit libre" (donc n'étant ni esclave, ni obligée envers une autre manufacture), elle devait alors ainsi que leurs futurs enfants travailler dans le même établissement et ce, toute leur vie durant. Cette obligation empêchait un échange avec des personnes faisants un métier different car peu de gens à cette époque n'étaient soit esclaves ou obligés envers une manufacture.

( Histoire des classes ouvrières de la conquête de Jules César jusqu'à la révolution, tome 1 p,51 ). 

Ces artisans forment donc une classe à part que le contact de l'esclavage ne flétrissait pas comme les ouvriers emprisonnés dans les manufactures impérial, mais dont les biens appartenaient à la communauté, et dont la personne était enchaînée à perpétuité à un service public.

( Histoire des classes ouvrières de la conquête de Jules César jusqu'à la révolution, tome 1 p. 51 ).

C'est dans ce climat que ce formèrent les « collèges »  

( associations dont les membres exercent un métier identique ou analogue), tous devaient donner régulièrement une contribution monétaire servant aux cultes des dieux, repas solennels et pour les cérémonies publique qui se terminait par un grand festin. A cette époque, lorsqu'une personne faisait l'apprentissage d'un métier, ses parents devait donner l'argent nécessaire à son alimentation durant tout son apprentissage, il mangeait, dormait chez son patron et ne percevait aucun salaire. L'empire Romain encourageait la création des collèges, certainement du une auto-organisation créer à moindres frais et qui donnait un sentiment de liberté au peuple qui ne s'occupait que des affaires concernant leur métier plutôt que de la politique de leurs pays qui était en cette période sous la domination d'un Empire en pleine décadence.

Le tapis Pazyryk, dit du Kourgane n° 5, est considéré comme un des plus vieux tapis au monde encore conservé.  Daté du Ve siècle av. J.-C. avant notre ère, il fut découvert par Sergueï Roudenko en 1949 dans la tombe d'un prince scythe située dans la vallée de Pazyryk, dans les monts Altaï en Sibérie. 

Au Moyen Âge


De la transition de l'empire Romain à la montée en puissance du christianisme, des invasions germaniques, musulmanes, hongroises, normandes et de la Scandinavie, des premiers rois francs qui tracèrent les frontières de ce qui deviendra bientôt la France au fur et à mesure des guerres de succession de pouvoir et des croisades pour le pape ; la France a vécu à cette période une instabilité récurrente empêchant une réelle évolution industrielle qui peinait à faire ces marques.


Vint ensuite le système féodal ou il n'y eu sauf exeption casiment plus d'artisants libre mais uniquement des serfs travaillant pour leur seigneur ou bien des artisants qui vinrent chercher travail et sécurité dans les abbayes.


En effet, dès l'année 985, on connaît une fabrique de tapisserie installée dans l'abbaye de Saint-Florent, de Saumur. En 1025, Poitiers exportai ses tapis jusqu'en Italie. Les abbayes de Saint-Denis, de Saint-Waast, de Saint-Martin-du-Canigou, fabriquaient des tapis.


( Les Tapissiers Étude Historique par François Husson p.20 )

Mais le système féodal ou l'artisanat n'étais pas libre, émoussait la motivation des travailleurs et ne rapportais pas suffisamment au trésor royale c'est pourquoi vers le XIIème siècle d'abord par initiative et plus tard par décret royale, tous les francs furent libérés du système féodal et ils purent librement exercer leur activité. C'est à la fin du XIIe siècle, sous Philippe Auguste, que les communes de métier ( plus-tard appelées corporations  ) commencèrent à apparaître de manière officiel; ces dernières évolueront jusqu'à la révolution.

La tapisserie de Bayeux, aussi connue sous le nom de « tapisserie de la reine Mathilde », datant du XIe siècle, elle vous invite à découvrir la conquête du trône d'Angleterre par Guillaume le Conquérant, de 1064 jusqu'au dénouement de la bataille d'Hastings.

Mu par une volonté de sortir d'un servage envers ses souverains, les communes s'organisèrent très rapidement ; certaines s'enrichirent et devinrent puissantes, cela créa ainsi, des troubles avec les rois de l'époque qui voyaient d'un mauvaise œil, l'émergence des pouvoirs rivaux des leurs. Les communes reprenaient le principe de base des collèges sur la forme d'une solidarité et d'entente mutuelle entre gens du même métier. 

Une commune nommait des jurés appartenant aux métier qui vérifiait et attestai de la valeur des travaux exécutés (qualité des matériaux, et mise en œuvre). Ainsi, chaque métier se protégeait de la concurrence ou des querelles avec les villes voisines. Une commune assurait ses revenus auprès de chacun de ses adhérents, et souvent fît des emprunts pour assurer sa pérennité. Vers la fin du XIIIe siècle, sous Louis IX, une fois que le royaume eu modéré la puissance grandissante des communes, leurs statut fût confirmés par Etienne Boyleaux, prévôt des marchand qui par ordre de Louis IX réunit tous les chefs de communautés, discuta avec chacun de leurs futur statut et composa ainsi « Le livre des métiers » contenant les usages et coutumes de cent et une profession, il servi de modèle pour tout le reste de la France.


[...] Ainsi, dans l'espace de deux siècles, l'affranchissement, les communes et la bienfaisante influence du pouvoir royal élevèrent les artisans et marchands de la triste condition de serfs aux rang de sujets libres, et les mires en état d'améliorer ensuite eux-mêmes leur sort par l'énergie et la persévérance du travail [...]

( Histoire des classes ouvrières de la conquête de Jules César jusqu'à la révolution, tome 1 p.189).

Fragment " Le sens de la vue", de la tapisserie dite de La Dame à la licorne ( datant du 1500 à
  Paris), dans cette  scène la Dame tient un miroir dans la main droite et caresse l'animal de la main gauche. Toujours à la gauche de la bannière, un lionceau et un lapin s'observent. 


Le métier à tisser :

Traditionnellement, on considère que l'apparition du métier à deux ensouples remonte à l'époque romaine (...) Le constat archéologique effectué par John Peter Wild va dans le même sens (...) Le débat reste cependant ouvert quant aux dates d'apparition du métier à deux ensouples, (...) Sur le plan technique et par rapport aux modèles anciens, ces métiers permettent de tisser plus vite tout en maintenant la possibilité d'obtenir des tissus en grande largeur comme sur les métiers verticaux à poids .


Thomas Fischbach, et al, « Des pièces d'armes au service de l'artisanat textile ? le cas des lames de tisserands mérovingiennes en contexte funéraire », Revue archéologique de l'Est  [En ligne].

Métier à tisser horizontal. Représentation du XVe siècle (© Bibliothèque nationale de France). 

A cette époque les métiers en rapport à la tapisserie se séparaient en plusieurs communautés distinctes :


> les tapissiers haute lissiers, produisant de haute et basse lisse, et velours. Cette communauté s'incorpora à celle des tapissiers sarrazinois en 1302.


> les tapissiers sarrazinois,  fabriquaient des tapis à la manière orientale ; les premiers tissus brodés de ce style ont, au départ , été importé de l'Orient, puis par la suite copié à Paris et Arras (Flandre), c'est pourquoi ces objets de fabrication occidentale furent nommées comme " œuvre sarrazinoise ". Comme exemple, nous avons la tapisserie de Bayeux qui raconte la conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie


> les tapissiers nostrez (nost-rez, noué, ras ) ; étaient des tissus  lisses et ras nommés ainsi par opposition aux tapis velus de Turquie. Le style de ce tapisserie au lieu d'être orientale était indigène en rapport aux régions ou ils étaient fabriqués.


> les crépiniers : fabriquaient oreiller, pavillon ou grands rideau brodés fait à l'aiguille ou au métier à tisser, crépines (sortes de franges employés pour l'ornement des dais, lit ).

> les merciers : fabriquaient draps (soie,laine), la communauté des mercier à pendant longtemps été une des plus riche et influente et n'acceptait comme nouveau maître la plus-par du temps que des gens de leurs familles.


> les courtepointiers transformaient les tapisseries en courtines (rideaux) courtepointes (couvertures) cousu à l'aiguille point-contre-point, dont l'interieur étais en matière animal ou végétal (laine, coton),


> les coutiers fabriquaient de coutils (toile à matelas) et de coussins.

Toutes ces communautés se différencièrent les unes des autres en fonction de leur spécialisations alors forcément, chaque communautés cherchai à élargir son savoir faire afin de d'agrandir sa clientèle et bien évidemment, de voir leurs affaires financières allé dans le bon sens. 


Le problème fût que chacune de ses communautés était à la foix differentes sur certain point mais semblables sur d'autres; la base étant un fil teinté et un métier de basse ou de haute lisse pour le tisser. 


Ainsi, la prospérité de l'un empiétait sur celle de l'autre, et c'est ainsi que pendant quatre siècles des procès interminable se passèrent entre les communautés pour définir qui avait le droit de teinté les textiles, de vendre sur les marché, de fabriquer des rideau, de vendre des meubles en bois, en plus du textile etc...

Pour toutes ces raisons, ces communautés se sont unifiés afin de partager leur privilège.

Tapis du début du XVIe siècle nommé "Les vendanges" en laine et soie du Musée de Cluny.Cette tapisserie montre les étapes de la fabrication du vin, depuis la cueillette des grappes de raisins jusqu'au pressurage et à une première dégustation de la boisson. La pièce ayant été coupée puis recousue, la succession des opérations se lit désormais de gauche à droite.


Des métiers de grand savoir-faire.

L'ouvrier qui effectuait une tapisserie se servait pour modèle d'une feuille quadrillé ou les carré sur la feuilles correspondait à l'entrecroisement des fils de chaînes (vertical) et fils de trame (horizontale) sur laquelle était dessinés les motifs du tissus. Mais bien souvent, certains détails du dessin pouvaient manquer de précision ou bien respectait mal le quadrillage de la feuille, aussi l'ouvrier tisseur devait être capable d'interpréter le dessin, d'en corriger les erreurs et donc pour ce faire d'avoir de part son expérience et sa culture d'avoir des connaissance aussi bien en architecture qu'en ornementation, modes vestimentaires, nature, animaux etc, car chaque tapisserie étant unique, leurs diversités sont infinis.

Tapisserie flamande du XVIe siècle, nommée " La nativité ". Commandées par l'Abbé de La Chaise-Dieu, Jacques de Saint Nectaire, et présentées pour la première fois dans l'abbatiale Saint-Robert le 17 avril 1518, cet ensemble textile d'exception a été classé au titre des Monuments Historiques en 1840.

A l'époque moderne 

En 1491 les tapissiers nostrés s'unissent aux courtepointiers ; le premier avait le droit de tisser et de teinter les tapisseries et le deuxième de transformer les tapisseries en rideau couverture tente etc... mais en toile non teintée ; et en 1568 les coutiers qui eux avait le droit de tisser le coutil servant à la fabrication des matelas et coussins se joignirent également aux tapissiers nostrés et aux courtepointiers; tous réunis sous la même bannière.Finalement, le 27 juillet 1636, toutes les communautés liés à la tapisserie s'unifièrent sous le nom de « tapissier » et ce nouveau statut sera confirmer par Louis XIV en mai 1644.                                                      

C'est justement à cette époque que le métier du tapissier d'ameublement commença à s'enraciner plus profondément dans la culture française grâce a une classe bourgeoise montante désirant elle aussi s'équiper en mobilier de luxe, et à une époque ou la recherche dans les progrès technique et dans l'art sont encouragés par le royaume.Le tapissier se dissociera totalement de la branche des tisseurs de textiles se concentrant uniquement sur la décoration d'intérieur ;du siège près du feu à la salle à manger complète, des rideau doublés à la tenture mural, du chemin d'escalier à la moquette dans les chambres, du sommier à ressort au matelas en laine, il ne cessera jusqu'à aujourd'hui d'évoluer en fonction des goût et des préférences des client et deviendra le garant du confort et du bien être de l'intérieur des habitations. 


Avis au connaisseur, les motivations qui m'ont amené à écrire cette page sont de tenté d'expliquer dans les grandes lignes les éléments important du passé qui auront participé à l'émergence du métier de tapissier d'ameublement c'est pourquoi, afin de rentrer sur le sujet, je ne parle pas ici de la création des manufactures de tapisseries tel que celles d'Aubusson, Beauvais, Felletin, Arras etc... La plupart ont été créer entre la fin du XVIIème et au XVIIIème siècle, soit une période voisine de celle ou le métier de tapissier d'ameublement ou tapissier décorateur tendais à se démarquer de celui du tissage ou rentrayure (rénovation) de textile.

La tapisserie d'Aubusson compte six siècles d'histoire    ( du XVe au début du XXe siècle ). Cette tapisserie de 1786, est partie des cartons de tapisserie du peintre Jean-Baptiste Huet. 

Du valet au maître en passant par le chef d'œuvre.                       

Si un ouvrier, appelé en cet époque « valet » souhaitai devenir maître, il devait effectuer un chef d'œuvre, c'est à dire un travail généralement plus compliqué qu'à la normal, dans un temps impartis avec le plus de précision possible. Il prouvait alors sa maîtrise du métier et si son chef d'œuvre était approuvé par les nommés jurés, il passait alors au titre de de « maître », cela lui donnait à condition qu'il achète un métier à tisser à son seigneur, le droit d'ouvrir sa propre entreprise et donc d'embaucher valets et apprentis. Le bémols est que pour effectuer son chef d'œuvre, l'aspirant devait reverser une somme à la communauté, et celle-ci devint de plus en plus cher au fil des génération; grande injustice lorsque l'on sait que si l'aspirant était fils d'un maître du même métier,il n'avait pas à effectué de chef d'œuvre pour passer maître et payait une somme proportionnellement dérisoire.

On imagine alors le sentiment d'un ouvrier de famille modeste dont le salaire est décidé d'avance par les chefs de communautés (les maîtres) qui ne pourra jamais aspirer à un changement de condition ne pouvant jamais économiser gagnant juste de quoi vivre (à noter tout de même que les communautés aidaient les familles en difficultés).

Le savoir-faire français doit certainement beaucoup au communautés de ne pas avoir régresser à travers les siècles par les guerres et les épidémies, de par leurs organisation uniquement accès sur le métier, permettent une énorme avancée technique durant plus de 500 ans et amenant la France à un niveau de perfectionnement et de raffinement qui aujourd'hui encore est réputé loin en dehors des frontières, mais l'erreur des maîtres à cette époque fût de trop vouloir s'octroyer le marché du travail en privant les ouvriers de la liberté d'entreprendre ce qui probablement explique la disparition totale des corporations (communautés) après la révolution.

Thomas Durvie
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